Le samedi, 14 janvier, notre Galerie ouvre ses portes pour accueillir l'exposition de peintures par
Cette belle soirée aux couleurs ocre d'Afrique et bleu marin a été complétée par la présence d'Olivier Rolland, vigneron du
Château des Campets.
Grace à lui, nous nous sommes régalés en dégustant le vermentino blanc de la
Photo trouvée sur le site officiel du Château des Campets
Plus d'information, nous vous recommandons de lire l'article
par Frédéric-Charles Batinger
« Le propre de la pensée mythique est de s'exprimer à l'aide d'un répertoire hétéroclite et qui, bien qu'étendu, reste tout de même limité. Pourtant, il faut qu'elle s'en serve, quelque soit la tâche qu'elle s'assigne, car elle n'a rien d'autre sous la main. Elle apparaît ainsi comme une sorte de bricolage intellectuel (… ) Tout à fait brillant. »
Claude Levi-Strauss
Si Claude Levi-Strauss a qualifié la pensée primitive de « pensée sauvage », il entendait dire, par là, que cette pensée, à la différence de la pensée occidentale, ne procède pas da capo mais, au contraire, à partir de matériaux résiduels préexistants. Autrement dit, la « pensée sauvage », loin d'être une pensée privée de logique et d'ordre, est bien plutôt une sorte d'opération magique grâce à laquelle n'importe quel objet du monde peut se voir attribuer un nouveau sens et une nouvelle fonction.
Par Frédéric-Charles Baitinger
Voilà pourquoi nous ne pouvons nous empêcher de placer l'oeuvre de Patrick Clerc sous le signe de cette « pensée sauvage ». Car chacune des oeuvres de cet artiste chamane n'est pas seulement le fruit pur de son imagination mais, peut-être plus encore, quelque chose comme le produit d'une grand oeuvre alchimique dans laquelle tout objet du quotidien peut se voir attribuer une nouvelle valeur esthétique et, par conséquent, une nouvelle puissance de symbolisation.
Contre l'art conceptuel - qui tient plus de l'art de l'ingénieur que de celui du poète ou du bricoleur - l'art de Patrick Clerc nous ouvre les portes d'une véritable poétique du fragment. Usant de matériaux recyclés (fils de fers barbelés, morceaux de tissus, bouts de bois), comme pour mieux en détourner la contingence (les déchirures, les plis, les torsions, les marques de rouilles), ses oeuvres s'apparentent à des toiles abstraites ayant pour fondement le détournement.
Mais à cet art du détour, de la relecture et de la juxtaposition, il faut encore ajouter une dimension spirituelle pour atteindre, enfin, le coeur mythique de ces créations. Composées à la manière de totems ou d'ex-voto, les oeuvres de Patrick Clerc ressuscitent, dans un langage adapté à notre époque, le geste des artistes primitifs, pour qui l'art ne fut jamais rien d'autre qu'un moyen de rendre visible des forces, de donner à notre imagination le moyen d'exprimer ses visions.
Dans sa série intitulée « Minksi », par exemple, terme qui désigne dans le langage de la tribu Nganga d'Afrique Centrale, tout objet magique destiné à protéger les gens ou à les aider à résoudre leurs problèmes, Patrick Clerc ne s'est pas contenté de réunir en un tout esthétiquement ordonné des fragments, mais il est parvenu aussi à leur donner une véritable force auratique projetant, sur qui les contemple avec suffisamment d'attention, une sorte de mana bienfaisant.